La mort d’un poilu

Le 163 ème Régiment d’Infanterie, unité stationnée avant la guerre à Nice, est transféré début août 1917,  après les combats de Verdun en 1916 puis dans les Vosges, dans le secteur du chemin des dames (Aisne). Ce chemin qui s’étend sur une longueur de 18 kilomètres sur le plateau partant du château de la Malmaison jusqu’à Craonne avait été construit par les soins de Louis XIV dans le but d’éviter la longueur et surtout les cahots de la grand-route défoncée de Paris aux dames de la Cour qui allaient voir l’enfant royal chez la nourrice à Craonne.
Le soldat Jean Lucciola, né à Gourdon mais habitant Tourrettes, sert depuis le début de la guerre dans ce régiment. Il était sur la place Masséna au sein de sa compagnie le 15 août 1914 quelques heures avant l’embarquement vers Belfort. Ce fut aux dires des témoins un moment d’indicible émotion, la foule assistant avec ferveur patriotique à l’arrivée du drapeau du régiment suivie d’une vibrante marseillaise. Dans l’historique du régiment  on peut lire : «Le poignant et vibrant discours du Colonel de Chambure  allait droit au cœur. On sentait vibrer quelque chose en soi et on regardait instinctivement ce Drapeau qu’on allait suivre jusqu’à la mort».

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La plaque in memoriam
Jean Denis Lucciola

Quand la guerre éclate il est âgé de 24 ans, il a terminé son service militaire le 1er novembre 1913 avec le certificat de bonne conduite accordé. Il a repris son métier de cultivateur à Tourrettes là où il avait été à l’école. Il n’avait pas été un élève modèle, son instituteur le juge sévèrement: «mène une vie plutôt vagabonde, mauvais sujet». Il sera un bon soldat. Le 13 août 1917 sa compagnie est déployée dans les tranchées de Franconie au nord du Chemin des Dames. Vers 4h15, sans préparation d’artillerie, les allemands attaquent brusquement en utilisant des lance-flammes. Le combat violent va durer 6 heures, après un repli le 163éme rétablit la position initiale. Jean Lucciola est tombé  ce matin-là les armes à la main pour la France. Il repose dans la Nécropole nationale d’Oeuilly (Aisne) commune située non loin du lieu de son dernier combat. Son nom est inscrit sur les monuments aux morts de Gourdon et de Tourrettes. Ce petit article est écrit pour un poilu dont il n’a pas été possible de retrouver une photo. Si son visage s’est perdu, il faut que l’on n’oublie pas son nom et son sacrifice.