La rivière Le Loup

Le Loup d’une longueur de 45 kilomètres prend sa source dans le massif de l’Audibergue au pied d’Andon à 1200 m d’altitude.

Il reçoit peu d’affluents mais de nombreuses résurgences karstiques des plateaux environnants: Caussols, Calern, Cavillore qui sont de véritables gruyères. On y dénombre de nombreux avens dont certains très profonds, constituent le domaine privilégié des spéléologues de la région.

Par un système d’aqueducs et de tunnels creusés dans les falaises, ses eaux sont captées près de sa source: c’est le canal du Foulon qui alimente plusieurs localités. On peut suivre son tracé à pied par un parcours spectaculaire offrant un aperçu aérien au-dessus des gorges: une quarantaine de tunnels sont à franchir mais il y a la possibilité de n’en faire qu’une partie. Conscients du caractère capricieux de ce torrent, les anciens ont construit leurs villages sur les hauteurs.

A partir du lieu dit Le Saut du Loup, la vallée se resserre, dominée par d’impressionnants escarpements rocheux où une chiche végétation tente d’escalader les parois verticales: ce sont les gorges du Loup proprement dites. Rive gauche, nous atteignons bientôt la spectaculaire cascade de Courmes (voir photo) qui, par le canyon du Bès, s’élance de quatre-vingt-dix mètres dans une vasque écumeuse. Avant que la route des gorges ne soit tracée, ce lieu était déjà un lieu médiatique très fréquenté ; on s’y rendait à pied à partir du Pont du Loup. Beaucoup de touristes arrivaient par le train Nice-Grasse où, certains jours de la semaine, des wagons aménagés en salons les accueillaient ; à la halte, une patache tirée par des chevaux les conduisait dans les gorges et en particulier à la célèbre cascade de Courmes.

Un ancien sentier partait également de Courmes pour rejoindre la vallée du Loup et, taillé dans la falaise, permettait de passer sous la cascade. Sur d’anciennes cartes postales de 1905, on peut voir une petite buvette collée à la paroi avec une servante en tablier blanc! En observant attentivement, on devine, sous le surplomb, les ruines de cet établissement masquées par la végétation; Un escalier taillé dans le roc permettait d’y accéder.

Aujourd’hui le sentier passant sous la cascade, jugé trop dangereux, est condamné. Afin que ces lieux soient préservés, le maire de Courmes a interdit les sauts à l’élastique et autres distractions acrobatiques.

Un autre lieu célèbre sur la rive gauche: l’ermitage de Saint-Arnoux, qui donnait lieu à un pèlerinage d’origine très ancienne, drainant toute la population des villages voisins: Courmes, Gréolières, Coursegoules, le Bar, Tourrettes sur Loup.

Saint-Arnoux, arrière-grand-père de Charlemagne fut durant vingt ans marié à Dode dont il eut trois fils. D’un commun accord, les époux décidèrent de se soustraire de la vie publique pour se consacrer à Dieu. Evêque de Metz, il se retira en 622 au monastère des Iles de Lérins fondé par Saint-Honorat. Mais recherchant des lieux encore plus solitaires, il remonta la vallée du Loup où il découvrit une petite cavité près d’une source ; il s’y installa pour plusieurs années. Mais l’actuelle petite chapelle ne fut construite qu’au XIII ième par le comte du Bar afin de racheter une vie dissolue. C’est à partir de cette époque que les gens des alentours prirent l’habitude de s’y rendre en pèlerinage. Des femmes atteintes de stérilité se baignaient dans les eaux de la fontaine sacrée et il y eut plusieurs naissances qu’un évêque de la fin du Moyen Age attribua plutôt au fait qu’hommes et femmes s’y retrouvaient menant grand tapage! Il menaça de fermer la vasque…

Cependant plusieurs témoignages font état de guérisons miraculeuses ne concernant pas la stérilité. Depuis plusieurs années, cette propriété est privée mais une messe est célébrée au mois de juin en l’honneur de Saint-Arnoux.

A l’entrée des gorges: Pont du Loup et son célèbre viaduc des chemins de fer de Provence (Ligne Nice – Draguignan). De nombreux touristes se faisaient photographier au pied de ses arches grandioses enjambant le Loup.

Monumental ouvrage qui fut dynamité par les Allemands en déroute. Pont du Loup qui se trouvait à ses pieds perdit de ce fait son prestige malgré son célèbre hôtel La Réserve où les visiteurs venaient apprécier les truites du Loup. Son dernier propriétaire allait lui donner le coup de grâce en organisant lui-même un attentat qui fit sauter l’établissement dans le but de toucher une assurance! Mais son forfait échoua et après plus de 15 ans d’abandon, le batiment est maintenant transformé en logements.