Les premiers Tourrettans morts pour la France

Marius Chiotasso

Marius Chiotasso

En septembre 1939 deux enfants de Tourrettes servent dans la Marine sur le même navire, le PLUTON  un mouilleur de mines. Entré en service en 1932, ce bâtiment a une longueur de 152,5 m et développe une puissance de 57000 ch, lui permettant d’atteindre une vitesse de 30 nœuds. Son équipage est d’environ 400 hommes.
Parmi eux :
– Serge ABRAM, 19 ans, est matelot mécanicien, né à Grasse il habitait avec ses parents à Pont-du-Loup à la Parfumerie EUZIERE.
-Marius CHIOTASSO, 25 ans, est quartier-maître torpilleur, né à Tourrettes il y vivait avec ses parents.
Le 1 septembre la France  décrète la mobilisation générale puis le 3 déclare la guerre à l’Allemagne. Le PLUTON appareille de Lorient le 2 à destination de Casablanca au Maroc. Sa mission est de déployer un champ de mines pour défendre l’entrée du port. Pour remplir cette mission il emporte dans ses soutes 250 mines Bréguet. Elles ont été conçues en 1936, pèsent 530 kg dont 80 d’explosif (mélinite).
La mission de pose des mines est planifiée pour la nuit du 12 au 13 septembre, mais dans la soirée du 12 l’ordre est annulé. L’Amirauté avait décidé de  donner au PLUTON  une nouvelle destination, celle de transport de troupes. Ses structures permettaient d’embarquer 1000 hommes et il fallait en urgence acheminer des troupes de l’Empire vers la France.

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Le petit Niçois
du 17 septembre

Cependant les mines avaient été activées et il faut les débarquer pour conduire les opérations de désamorçage au dépôt de munitions de la Marine à Bouskoura. Le 13 au matin à 10H30 la mise à terre débute, mais vers 10H40 une mine explose à bord et quelques secondes plus tard une deuxième explosion se produit. La catastrophe est enclenchée, la réaction en chaîne du chapelet des autres mines avec la projection de nombreux débris métalliques  jusqu’à 2 KM du navire. Les soutes à carburant remplies de 700 tonnes de mazout s’enflamment  et le navire est détruit. Les pertes humaines sont énormes, le chiffre exact est incertain car les données officielles sont absentes. La Vigie Marocaine( journal local) dans un article de 1945 donne les précisions suivantes : 226  morts ou disparus et 107 blessés graves.
Cette catastrophe  dans les premiers jours du conflit ne fait l’objet de la part des autorités  d’aucune communication, la censure est appliquée : une information de cette nature peut avoir des conséquences négatives sur le moral des troupes et de la population.  Cette destruction peut soit être le résultat d’une attaque ou d’un sabotage des allemands, soit  le constat que nos équipages sont mal formés ou nos matériels défaillants.

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Plaque de marbre
(Chapelle de Saint-Arnoux)

Parmi les victimes, Serge ABRAM et Marius CHIOTASSO. Ils figurent  dans la liste des disparus, leurs corps n’ont pas été retrouvés ou identifiés. Dans le cimetière de  Ben M’Sick à Casablanca reposent 223 marins dont 106 inconnus, tous décédés pendant la seconde guerre mondiale. Ces deux jeunes Tourrettans sont sans doute inhumés dans le carré  des marins inconnus.
La famille de Serge ABRAM très marquée a voulu par un geste chrétien  maintenir le souvenir de ce fils aimé.

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Chapelle-St-Arnoux